Biographie. Résistants honorés. Muratelle Guy |
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Témoignages de Guy Muratelle
Archives famille Muratelle
Je n’apporterai
rien au dossier de la mémoire en répétant que le temps passe emportant avec lui
les derniers témoins d’une période qui nous est chère. Heureusement, les
archives familiales peuvent encore nous redonner quelque espoir. C’est ainsi
que Christine Muratelle vint un jour nous faire connaître le parcours que son
père, Guy Muratelle, avait accompli. Bien évidemment, les interrogations que
nous pourrions avoir ne recevrons pas les réponses que seul le témoin aurait pu
nous apporter. Il est trop tard, décidemment trop tard.
(1) Les ailes françaises 1939-1941 – Victoires
oubliées », les Dossiers de l’Histoire n°74, 1991, p 13
Né en 1913, Guy Muratelle, qui vient de
répondre avec succès à un stage de formation pour être moniteur de pilotage,
prend en main, en février 1939, une classe de jeunes officiers pilotes sur
Morane 315. Le 3 mars suivant, il est nommé sergent-chef pilote à l’École de
l’Air.
Août 1939, la situation internationale
est devenue des plus difficiles. Le lundi, 21 août 1939, l’aviation de chasse
était placée en état d’alerte générale.(1)
Mais l’École de l’Air ne reste pas à Salon-de-Provence. Le 1er septembre 1939, elle déménage et rejoint
la BA 106 de Mérignac ; c’est là, d’ailleurs, que Guy Muratelle va
rencontrer Romain Gary qui, au grade de sergent parce qu’ayant échoué son
examen de sortie de l’école d’officier, en mars 1939, arrivait à Bordeaux-Mérignac
comme instructeur de tir, avec l’école de l’air d’Avord.(2)
Arrive encore sur Bordeaux l’Ecole de Salon. C’est là qu’ils sont rattrapés par
la déclaration de guerre du 3 septembre, deux jours après.
Début 1940, Guy Muratelle se mariait le
10 février puis, le 12 mars, il passait le Brevet supérieur de navigation
aérienne. Enchaînant à cela un nouveau stage, mais avec les moniteurs de la
Patrouille de France, il pouvait se flatter d’être devenu « moniteur de
perfectionnement au pilotage et à la voltige aérienne ». Ce qui semble
justifier sa nomination comme adjudant pilote, le 1er avril 1940.
Le 10 mai 1940, les Allemands attaquent.
L’École de l’Air continue son nécessaire travail de formation ; en effet,
l’engagement des combats va engendrer de sévères pertes chez les aviateurs
français. Prés de 40% des officiers et 20% des sous-officiers et hommes de
troupe navigants sont tués, blessés ou disparaissent dans le feu des combats(3).
La formation de nouveaux pilotes et de nouveaux équipages étaient essentielle.
Au lendemain de l’armistice, dont les
clauses concernant l’aviation ont été revues par le Maréchal Goering, il était
spécifié que l’occupant avait « renoncé
à la livraison des avions militaires, si tous ceux qui étaient possession des
forces aériennes françaises étaient désarmés et mis en sécurité sous contrôle
allemand. » Plus loin, il était déclaré que « […] l’Allemagne n’entendait donner aux conditions d’armistice aucun caractère humiliant
à l’égard d’un adversaire aussi brave. »
Donc, repli sur Perpignan Llabanére,
base renommée de « l’Aéropostale ». Avec un Potez 6331. Romain Gary
est parti depuis le 20 en direction de l’Afrique du Nord.
Guy Muratelle, le 10 janvier 1941, est
affecté comme pilote à la 4° escadrille (Ungibus et Rostro)(4)
du 2° Groupe d’aviation de chasse au Luc en Provence ; ils ont là des
Bloch 152.
Le 11 novembre 1942, prenant pour
prétexte le débarquement allié en Afrique du Nord, les Allemands envahissent la
zone non occupée. Guy Muratelle se trouve alors à Uzés, dans le Gard, chargé de
l’instruction d’une compagnie de jeunes soldats. Le 28 novembre suivant c’est
la dissolution de l’armée d’armistice. Les troupes allemandes pénètrent dans
les bases aériennes, s’emparent du matériel en place et expulsent tout le
personnel. Pour Guy, c’est le retour à Sainte-Foy-la Grande., où, toujours
attaché à l’aéronautique, il devient titulaire du Brevet de Transports Public de pilote d’avion
équivalant au Brevet de pilote militaire et au Brevet supérieur de navigation
aérienne.
Mais le pays foyen est un terrain de
Résistance. Guy Muratelle, en juin 1944, constitue un groupe de F.F.I. Il fait
appel à des soldats qu’il a connus au Luc en Provence. Deux sous-officiers
mécaniciens repliés se joignent à lui. Le groupe est intégré au groupe
« Jean » de la Dordogne Sud, le 1er juillet 1944. Ce même
groupe est affecté à l’État-major du régiment F.F.I.,(5)le 15 septembre 1944.
Entre temps, Guy Muratelle a obtenu du ministère de l’Air
l’attribution d’un avion Fieseler Fi 156, surnommé Storch (cigogne en allemand)
à cause de son train d’atterrissage haut sur pattes. Du matériel récupéré sur
l’ennemi, un avion à décollage et atterrissage court, excellent dans les
missions d’observations, de transport ou d’ambulance volante. Un deuxième
pilote, le sergent Descotte, venant rejoindre le groupe, un deuxième appareil,
un Caudron Luciole, est débusqué, en pièces détachées, dans un hangar de
l’aérodrome de Bordeaux Mérignac.
Nommé sous-lieutenant, à partir du 1er
octobre 1944, Guy Muratelle, par ses missions d’observations permet les
réglages d’artillerie lors de l’attaque de Royan du 14 avril 1945. Et puis,
c’est l’attaque de l’ile d’Oléron, le 30 avril 1945. La mission du pilote est
de déposer, en bord de mer, un officier de Marine qui, en tant que régulateur,
est chargé de revoir les bateaux de débarquement.
(2) Myriam Anissimov, Romain Gary, Le Caméléon, Follin,
2006, deuxième partie, page 170-172
(3) Patrick Facon, directeur de recherche
« air » au service historique de la Défense, « Réflexion sur
l’emploi de l’armée de l’Air de mai à juin 1940 »
(4) « Des ongles et du bec »
(5)Colonel Moressee,